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L’histoire de la Guinée

  • 1895-1911 : Naissance de la Guinée dans ses frontières géographiques actuelles, tracées par les puissances coloniales.
    Cependant, l'histoire de ce territoire est ancienne et fut rythmée par le rayonnement et la décadence de grands empires.
  • VIIIème siècle : Les Nalou et les Baga peuplent la région.
  • du IXème siècle au XIème siècle : Le royaume mandingue, vassal de l'empire du Ghana, s'établit du haut Sénégal au haut Niger.
  • XIème siècle : Ils sont rejoints par les Jalonké d'origine mandée.
  • XIIIème siècle : Le légendaire Soundiata Keita forme un immense empire ayant pour capitale Niani (aujourd'hui petit village guinéen).
  • XIVème siècle : L'empire du Mali connaît son apogée, s'étendant du nord et de l'est de la Guinée à Tombouctou.
  • XVème siècle : Déclin de l'empire du Mali.
  • du XVIème au XVIIIème siècle : Arrivée des Peul et des Mandingue, apportant l'islam. 
    De nombreux empires et royaumes, encore très présents dans la mémoire collective, se succèdent dans la région. Les classes gouvernantes mandingues se convertirent très tôt à l'islam.

L'expansion de la religion musulmane dans toute la Guinée fut cependant due au prosélytisme du clan des Torobde, des pasteurs peuls installés dans le Fouta-Djalon. Ils instaurèrent un État théocratique sur les hauteurs du plateau au début du XVIIIème siècle.

  • Milieu du XIXème siècle : La plupart de la population est islamisée, à l'exception des habitants du royaume Mossi, qui résistent et conservent leurs croyances traditionnelles. 
  • Dans les années 1880 : Le Mandingue Samory Touré, équipé d'armes modernes et à la tête d'une armée efficacement organisée, prend le contrôle de l'intérieur du pays. Il est l'un des derniers héros de l'histoire précoloniale du pays.

Résistances et conquête coloniale

  • Seconde moitié du XIXème siècle : La France, employant alternativement la force et la diplomatie, s'empare non sans difficulté de la plus grande partie de l'ouest du Soudan (actuel Mali). Elle prend Tombouctou, pousse jusqu'au lac Tchad et occupe la côte guinéenne.
  • 1891 : La Guinée est proclamée colonie française, indépendamment du Sénégal, auquel elle était précédemment rattachée. Cependant, cette conquête ne s'opère pas sans résistance. Samory Touré, relayé ensuite par les peuples de la forêt, mène une guerre organisée contre l'occupation française sur la côte et dans les massifs montagneux du Sud-Est.
  • 1898 : Samory Touré est vaincu.
  • 1899 : Les régions du haut Niger sont annexées au territoire.
  • 1906 : La Guinée devient une partie intégrante de l'Afrique-Occidentale française (A.O.F.), administrée par un gouvernorat général.

La Guinée sous la colonisation française

La France impose un système d'administration coloniale identique à celui appliqué dans les autres territoires africains de son empire colonial. Sous l'autorité d'un gouverneur général, le pays est divisé en vingt-neuf cercles, eux-mêmes dirigés par un commandant de cercle. Les chefferies traditionnelles sont souvent transformées et leurs systèmes de transmissions bouleversés. Elles constituent progressivement un instrument efficace de la domination coloniale française. Ce système joue un rôle important dans l'unification d'un pays artificiellement créé par les puissances coloniales au cours des conquêtes. 
L'exploitation des ressources s'oriente vers la satisfaction des besoins de la métropole. Au détriment des cultures vivrières, les cultures d'exportation, monopolisées par des sociétés françaises, se multiplient. La monnaie et l'impôt se généralisent également durant cette période. 
Cependant, une conscience politique anticoloniale se développe peu à peu, pour s'affirmer après la Seconde Guerre mondiale. En effet, Conakry devenant un port important, beaucoup de Guinéens y sont employés. Ils ont alors la possibilité de former leurs propres syndicats, d'où émergent des mouvements contestataires. A la tête de la puissante Union générale des travailleurs d'Afrique noire (UGTAN), Sékou Touré, arrière-petit-fils de Samory Touré, mène une action pour obtenir davantage de représentants africains dans le gouvernement local. La Constitution française d'octobre 1946, plus libérale à l'égard des pays colonisés, permet la création de partis politiques, dont Sékou Touré devient la personnalité la plus importante. Lors du référendum de septembre 1958, la Guinée est le seul pays de l'Afrique francophone à rejeter la proposition du général de Gaulle concernant l'intégration des colonies de l'A.O.F. au sein d'une Communauté française, ce qui entraîne une rupture immédiate des relations politiques et économiques avec la France.

  • 2 octobre 1958 : La Guinée accède à l'indépendance. Sékou Touré, alors très populaire dans son pays comme dans tous les pays d'Afrique, en devient le président. Il prône alors le panafricanisme, "La décolonisation intégrale de toutes les structures du pays" et la mise en place d'une "société socialiste". En fait, le régime se transforme en dictature.

La Guinée indépendante

Après son indépendance, le pays cherche de l'aide auprès des pays d'Europe de l'Est et de l'Union soviétique. Sékou Touré met en place un régime de parti unique et un système socialiste strict.

  • 1961 : La Guinée adhère, avec le Mali et le Ghana, à l'Union des États africains, une fédération qui ne vit que deux ans. Cible de plusieurs tentatives d'assassinat, Sékou Touré accuse la France de comploter pour renverser son régime.
  • Novembre 1965 : Rupture des relations avec la France.

Les rapports de la Guinée avec ses voisins, Côte-d'Ivoire, Niger, Sénégal et Burkina Faso, restent orageux jusqu'en 1978.
L'isolement diplomatique du pays, conjugué à une économie mal planifiée, mènent la Guinée à la faillite et contraignent son président à assouplir le régime. Il entreprend alors de nombreux voyages diplomatiques dans le but d'établir des relations avec d'autres pays et de trouver des investisseurs pour exploiter les richesses minérales considérables de la Guinée.

  • 1982 : Une nouvelle Constitution, renforçant les prérogatives du Président au pouvoir, est proclamée.
  • 1984 : Après la mort de Sékou Touré, un gouvernement d'intérim est mis en place. Il est bientôt renversé par le colonel Lansana Conté, qui prend la tête du Comité révolutionnaire de redressement national (CMRN) et devint président de la République. Il amnistie les prisonniers politiques, s'attache à démanteler le système socialiste, réduit le pouvoir de l'armée et se rapproche de la France et de ses voisins.
  • 1985 : Le gouvernement de Conté échappe à une tentative de coup d'État.
  • Fin des années 1980 : La Guinée s'ouvre au capitalisme occidental en déréglementant les investissements.
  • Décembre 1993 : Les premières élections pluripartites confirment Lansana Conté dans ses fonctions. Cependant, les violentes émeutes qui accompagnent les élections révélèrent la fragilité de ce processus démocratique.
  • Juin 1995 : Les élections législatives, contestées par l'opposition, confirment l'hégémonie du parti présidentiel. 
  • 1996 : Une mutinerie, frôlant le coup d'État, révèle la démoralisation de l'armée. La nomination comme Premier ministre de l'économiste Sydia Touré rassure les organisations financières internationales, mais n'arrive pas à entamer l'opposition des deux grandes communautés, les Peul et les Malinké, qui reprochent au président Conté de favoriser les Soussou, originaires, comme lui, du littoral. 
  • Décembre 1998 : Lansana Conté est réélu avec 56 % des suffrages exprimés. Ces élections sont violemment contestées par l'opposition, et son représentant charismatique Alpha Condé (parti du Rassemblement du peuple de Guinée) est mis en résidence surveillée. Voisine de la Sierra Leone, la Guinée accueille de nombreux réfugiés de ce pays en proie à la guerre civile, et subit parfois les incursions des rebelles. 
  • 12 Avril 2000 : Le procès d'Alpha Condé débute à Conakry.

Après avoir révisé la Constitution pour pouvoir se présenter une troisième fois en décembre 2003, le chef de l'État, pourtant gravement malade, est réélu avec 95,63 % des suffrages face à un candidat issu d'un parti allié, les autres opposants ayant préféré ne pas participer à un scrutin joué d'avance. 

  • Fin avril 2004, le premier ministre François Lonsény Fall profite d'un voyage à l'étranger pour démissionner, arguant que « le président bloque tout ». Le poste reste vacant plusieurs mois avant d'être confié à Cellou Dalein Diallo, qui sera démis de ses fonctions en avril 2006.Le pouvoir du président, sous influence d'hommes d'affaires comme Mamadou Sylla, est de plus en plus contesté. 
  • Début 2007 éclate une grève générale réprimée dans le sang.
  • Le 22 décembre 2008, Lansana Conté décède des suites d'une longue maladie (leucémie et diabète aigu) à l'âge de 74 ans. Au cours de la nuit suivante, les proches du régime s'affairent pour organiser l'intérim suivant les procédures prévues par la Constitution mais le 23 décembre 2008 au matin, suite à l'annonce du décès de Lansana Conté, des dignitaires de l'armée annoncent unilatéralement la dissolution du gouvernement ainsi que la suspension de la Constitution, dans un discours à teneur résolument sociale. Ces événements laissent planer le doute sur l'effectivité d'un nouveau coup d'État. Le même jour, le capitaine Moussa Dadis Camara est porté à la tête du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) et devient le troisième président de la République de Guinée le lendemain.

Arrivé au pouvoir, le capitaine précise que le nouveau régime est provisoire et qu'aucun membre de la junte ne se présentera aux élections présidentielles prévues en 2010.
Au fil de ses interventions médiatiques, Moussa Dadis Camara envisage de plus en plus explicitement de se présenter, décevant les espoirs de véritable transition démocratique et déclenchant des mouvements de protestation.

  • Le 28 septembre 2009, des mouvements civils organisent une manifestation pacifique pour demander à Dadis Camara de respecter sa parole et de ne pas se présenter aux présidentielles. La foule de plusieurs dizaines de milliers de personnes est canalisée par l'armée vers le stade du 28 septembre de Conakry, puis à la surprise générale les militaires ouvrent le feu sur les manifestants ainsi bloqués dans le stade sans possibilité de fuite. Ce massacre délibéré et manifestement planifié fait plusieurs centaines de morts. De plus, les militaires violent et enlèvent plusieurs dizaines de jeunes femmes, dont certaines seront libérées quelques jours plus tard après avoir subi des viols à répétition, tandis que d'autres disparaissent sans laisser de trace.

Suite au tollé international soulevé par cet évènement, des dissensions apparaissent au sein du CNDD et le 3 décembre 2009, alors que Sékouba Konaté est en voyage au Liban, le président est grièvement blessé par son aide de camp Aboubacar Sidiki Diakité - ce dernier était mis en cause explicitement par les diplomates étrangers pour son rôle dans le massacre du 28 septembre, et craignait d'être "lâché" par son président et livré à la justice. Dadis Camara est hospitalisé au Maroc le 4, et Sékouba Konaté rentre au pays pour assurer l'intérim.

  • Le 12 janvier 2010, Moussa Dadis Camara est renvoyé vers le Burkina Faso par le Maroc pour y continuer sa convalescence.
  • C'est ainsi que le 15 janvier, un accord sera trouvé entre Dadis et Sékouba pour que ce dernier soit reconnu Président de la transition. Cet accord stipule qu'un premier ministre issu des Forces Vives (Partis d'opposition, syndicats, société civile) soit nommé dans le but de former un gouvernement d'Union nationale et de conduire le pays vers des élections libres et transparentes dans six mois. Aussi, aucun membre du gouvernement d'union nationale, de la junte, du Conseil National de la Transition et des Forces de Défense et de Sécurité n'aura le droit de se porter candidat aux prochaines échéances électorales.
  • Le 16 janvier, Dadis, dans une allocution à partir du palais présidentiel burkinabé, dit que la question de sa candidature est définitivement réglée, ainsi que celle des autres membres de la junte. Jean-Marie Doré, doyen de l'opposition, est nommé Premier Ministre, Chef du gouvernement d'Union Nationale chargé d'organiser les futures élections présidentielles.
  • Le 8 février 2010, la justice guinéenne ouvre une instruction judiciaire pour les crimes commis le 28 septembre 2009 à Conakry et 3 magistrats instructeurs sont nommés et le 3 juin 2010, la FIDH, l'Organisation Guinéenne de défense des Droits de l'Homme et du citoyen (OGDH), 3 autres organisations guinéennes de victimes (AVIPA, AFADIS, AGORA) et 67 victimes se constituent parties civiles.
  • Le 7 mars 2010, Sékouba Konaté fixe par décret la date du premier tour de l'élection présidentielle au 27 juin 2010. Il tient parole et pour la première fois une élection présidentielle en Guinée se déroule sans qu'aucun militaire ne soit candidat. 
  • Le second tour des élections présidentielles devait se tenir le 19 septembre 2010 mais a été reporté à une date ultérieure.
  • Le 28 septembre 2010, un an après le massacre, les victimes et les ONG de défense des droits de l'Homme demandent le jugement des auteurs présumés des faits.
  • Le 7 novembre 2010, le nouveau Chef de l’État guinéen a été élu démocratiquement sur un programme de modernisation et de reconstruction progressive de la Guinée. Alpha Condé (candidat du RPG et de l'Alliance Arc-En-Ciel) obtient 52,5 % des suffrages face à son adversaire Cellou Dalein Diallo (candidat de l'UFDG et de l'Alliance des bâtisseurs), qui a fini par accepter les résultats de la cour suprême qu'il avait initialement contesté en raison de soupçons d’irrégularités. Le président Alpha Condé est élu pour un mandat de 5 ans.
  • Le 19 juillet 2011, des militaires attaquent la résidence privée d’Alpha Condé à Conakry, dont une partie est soufflée par une roquette. Alpha Condé s'en sort indemne, mais un membre de la garde présidentielle est tué. Quelques jours plus tard, le 28 juillet, l'ONG Reporters sans frontières publie un rapport dans lequel elle demande à Alpha Condé « d'affirmer publiquement son attachement à la liberté de la presse et au respect du pluralisme des médias », tandis que la France l'appelle à ne pas entraver la liberté de la presse et à organiser des élections législatives dans les meilleurs délais.
  • Les élections législatives qui devaient initialement se dérouler le 29 décembre 2011,  ont été reportées en 2012 à la suite d'une décision de la Commission électorale nationale indépendante (Céni).
  • Le 28 septembre 2013, les élections législatives ont lieu en Guinée. Maintes fois reportées, et devant établir un gouvernement stable et démocratique à la suite du coup d'État de décembre 2008, elles constituent « la première consultation libre organisée en Guinée depuis son indépendance, en 1958 ». Elles sont précédées par des « violences politiques et ethniques » qui font une cinquantaine de morts. Fin octobre, l'opposition dénonce des fraudes massives, décidant d'effectuer un recours auprès de la Cour suprême. Celle-ci valide le résultat des élections en novembre 2013, entérinant de fait la victoire du parti d'Alpha Condé, le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG).
  • En décembre 2013, une épidémie Ebola apparaît en Guinée et continue de sévir
  • 2015, nouvelles élections Présidentielles en Guinée : Alpha Condé est réélu avec 57 % des voix, à nouveau face à Cellou Dalein Diallo.